Surnommé le Musicien des Grâces, élégant, charmant, d’un caractère aimable, Jean-Joseph Mouret (1682-1738) fût visiblement la « coqueluche » des fêtes parisiennes dans les années 1728-30.
Pas de fête sans Mouret !
Né à Avignon en 1682, il arrive dans la capitale en 1707 et entre rapidement au service de la Duchesse du Maine. Il compose la majeure partie des Divertissements en musique pour les fêtes données par la « Reine de Sceaux » qui atteignent leur apogée au cours des années 1714-1715 avec les fameuses « Grandes Nuits » devenues légendaires. Ces succès lui valent de devenir notamment compositeur attitré de la Comédie Italienne à partir de 1717 puis directeur artistique du Concert Spirituel en 1728. Les années 1728, 29, 30 marquent pour Mouret l’apogée de son talent et de sa renommée. Son nom revient constamment dans les nouvelles de la vie musicale de l’époque. Il est le musicien à la mode : peu ou pas de fêtes sans Mouret !
Légèreté et intensité dramatique
La musique rocaille de Mouret, toute en spontanéité, fraîcheur, grâce légère, dénote aussi une vraie maîtrise de l’expression du sentiment dramatique. Le projet vise donc à mettre en valeur ces deux aspects du talent de Mouret à travers deux types d’oeuvres :
– profanes avec les Airs à danser de son Premier Livre publié en 1734 et le Concert de chambre (ouverture + suite de danses) de son Second Livre publié en 1738 ;
– sacrées avec une sélection de Motets, composés en 1730-31 pour le Concert Spirituel et publiés de manière posthume en 1742 : Cantate Domino, Laudate Nomen Domini, Usquequo Domine
L’oubli
A partir de 1730, les difficultés surgissent pour Mouret. En 1734 il perd sa place au Concert Spirituel, en 1736 celle de Surintendant de la Musique de la Duchesse du Maine suite à la mort du Duc et début 1737 son poste à la Comédie italienne. Sans situation, les premiers symptômes de la folie se manifestent alors. En 1738 il est interné à Charenton où il meurt le 22 décembre. Mouret, comme nombre de ses contemporains, sombre alors dans le plus noir oubli.
Le disque, la scène
Dans ce programme donc, le spectateur oscille entre deux pôles : la légèreté du monde profane et la profondeur du monde sacré. La version mise en scène, chorégraphiée et spatialisée vise à incarner cette oscillation et à proposer plus de proximité dans le rapport public / scène.
L’équipe de conception réunit Aude Lestienne, flûtiste et architecte pour la direction artistique et le travail sur la spatialisation, Florence Beillacou pour la mise en scène, Bruno Benne pour la chorégraphie et Julia Brochier pour les costumes. Ces 4 artistes, spécialistes de la période baroque, s’attachent à défendre l’actualité du langage et de la sensibilité baroque. L’univers visuel qu’ils proposent ici est résolument contemporain, notamment dans les costumes et les nouvelles chorégraphies.
L’équipe plateau est composée d’une chanteuse (Marie Remandet), d’un danseur (Bruno Benne), de deux flûtes traversières (Aude Lestienne et Janina Scheuren), deux violons (Shiho Ono et Rafael Nunez), un hautbois (Maria Rafaele), une viole de gambe (Mathias Ferré), un violoncelle (Jean-Baptiste Valfré) et un clavecin (Kazuya Gunji). L’équipe technique comprend une vidéaste (Valentine Poutignat), un ingénieur du son (Enrico Fiocco) et une éclairagiste (Amandine Jeanroy).
Le travail donnera également lieu à des représentations en « version de concert ».
Ces œuvres de Mouret n’ont encore jamais été enregistrées. À l’occasion des 10 ans de l’ensemble, un disque inédit paraîtra fin 2023 sur le label Musica Ficta.