« L’île Fantôme » est un voyage intérieur, une épopée de l’absence.
Un sextuor instrumental délivre un flot de musique ininterrompu, reliant la musique de chambre, le rock, l’improvisation, pliant et dépliant une symphonie synthétique, et épousant les voix d’êtres invisibles qui se manifestent au personnage principal, Isola.
Isola parcourt son « île fantôme » intérieure (un endroit jadis cartographié, mais introuvable), à la rencontre de son inconscient et de ce qui le hante : des chansons sur l’amour et sa présence éternelle, la quête des visages dans le monde urbain contemporain, la peur de rentrer chez soi, le renoncement à la vanité.
L’île est le lieu d’énigmatiques prophéties, le repaire des sirènes.
La juxtaposition des styles et de leurs sonorités opposées se fait exploration de la psyché et de ses dissonances.
La musique et sa représentation creusent un passage secret entre les mondes et les espace-temps.
Ce spectacle musical a été composé et conçu par Nicolas Worms, qui en a aussi écrit la plupart des textes. Les autres textes ont été écrits par Shura Rusanova (qui est aussi l’interprète d’Isola), Eden Tinto Collins, Cynthia Awori Othieno et Jamika Ajalon (qui interprètent certaines des voix pré-enregistrées), et le spectacle comprend également un poème d’Ezra Pound, issu des « Cantos », lu par le poète lui-même.
La mise en scène et la direction artistique sont assurées par le plasticien Tibo, avec le regard du danseur et chorégraphe Philippe Lebhar.
Sur scène, on retrouve donc Shura Rusanova au chant et Nicolas Worms aux synthétiseurs, ainsi que Jean Rondeau (en alternance avec Haga Ratovo) au piano et à l’orgue électrique, Barbara Le Liepvre (en alternance avec Adèle Viret) au violoncelle, Tancrède D. Kummer à la batterie, Lucas Henri (en alternance avec Benoît Quentin) à la contrebasse, Esteban Pinto Gondim au saxophone alto et à la clarinette basse.
Renouant avec la dimension d’« art total » de l’opéra, ce spectacle en déjoue dans le même temps les codes, notamment en plaçant sur scène les instrumentistes, et en utilisant des voix enregistrées, comme des fantômes qui hanteraient la scène.
Ce geste retourne également les codes de la pop, style musical qui irrigue l’écriture du spectacle, et où les instrumentistes sont la plupart du temps invisibilisés, au profit de l’incarnation vocale.
Ainsi, ce spectacle, proposition de « musique-fiction » scénique, est une aventure poétique totale, qui interroge, dans la forme et dans le fond, la possibilité de vivre traversé.es par des mondes sonores foisonnants et contradictoires.