Histoire d’air(s)

Histoire d'air(s)

Cornelius Cardew est et reste un personnage central dans le renouveau des questionnements sur l’interprétation musicale durant la seconde moitié du XXème siècle, avec Cage, Feldman et Stockhausen. La radicalité de son approche va le mener à réaliser son ouvrage définitif sur la question, le fameux « Treatise », ensemble de près de 200 partitions graphiques composées de 1963 à 1967.

Le propos de Cardew était de proposer une écriture musicale sans nomenclature définie à l’avance et qui devait faire l’objet d’un consensus entre tous les musiciens avant l’exécution de l’œuvre. Le second aspect de cette nouvelle approche était que cette écriture devait permettre aux non-musiciens de se saisir de la partition et de proposer des interprétations sans avoir besoin, au préalable, d’une quelconque formation musicale savante. Cet aspect de la philosophie musicale de Cardew est dans une large mesure un échec car seuls des musiciens chevronnés se sont, à ma connaissance, jusqu’alors risqués à proposer une interprétation des ses œuvres.

L’approche de cette musique a ouvert à l’Ensemble Tarentule de nouvelles voies d’interprétations et d’explorations de l’outil vocal, tant au niveau de l’expressivité que des textures (ex. : la voix bruitiste). La réaction du public est étonnante car, loin de considérer ce jeu comme un exercice de style de pure forme, un peu vain, il y perçoit une façon nouvelle d’envisager le matériau et l’interprétation musicale et vocale.

En voyageant à travers les partitions graphiques de Cornélius Cardew, nous avons voulu rapprocher entre elles plusieurs œuvres issues de plusieurs époques pour les éclairer d’une lumière nouvelle. Les voix, formées à la polyphonie, élaborent une grammaire nouvelle, accompagnées par l’accordéon de Pascal Contet, devenant voix à son tour, puis orgue ou clavecin dans les œuvres de Couperin ou Bach. Et les musiques des Grands Maîtres de la Renaissance que sont Sweelinck, de Wert, Marenzio ou Gesualdo se parent de nouvelles couleurs au contact des compositeurs baroques, eux-mêmes travaillés de l’intérieur par la musique contemporaine (Purcell/Sandström) et des mélopées hypnotiques de Philip Glass.

Un dénominateur commun : l’air, l’atmosphère ; aller chercher dans toutes ces œuvres une sensation qui fait le lien, une sensation d’apesanteur, de légèreté pour autoriser l’auditeur à ne plus écouter sentencieusement ces beaux objets, parfois un peu distants, mais au contraire se laisser porter par eux et se laisser emplir de leur souffle vivifiant.Cornelius Cardew est et reste un personnage central dans le renouveau des questionnements sur l’interprétation musicale durant la seconde moitié du XXème siècle, avec Cage, Feldman et Stockhausen. La radicalité de son approche va le mener à réaliser son ouvrage définitif sur la question, le fameux « Treatise », ensemble de près de 200 partitions graphiques composées de 1963 à 1967.

Le propos de Cardew était de proposer une écriture musicale sans nomenclature définie à l’avance et qui devait faire l’objet d’un consensus entre tous les musiciens avant l’exécution de l’œuvre. Le second aspect de cette nouvelle approche était que cette écriture devait permettre aux non-musiciens de se saisir de la partition et de proposer des interprétations sans avoir besoin, au préalable, d’une quelconque formation musicale savante. Cet aspect de la philosophie musicale de Cardew est dans une large mesure un échec car seuls des musiciens chevronnés se sont, à ma connaissance, jusqu’alors risqués à proposer une interprétation des ses œuvres.

L’approche de cette musique a ouvert à l’Ensemble Tarentule de nouvelles voies d’interprétations et d’explorations de l’outil vocal, tant au niveau de l’expressivité que des textures (ex. : la voix bruitiste). La réaction du public est étonnante car, loin de considérer ce jeu comme un exercice de style de pure forme, un peu vain, il y perçoit une façon nouvelle d’envisager le matériau et l’interprétation musicale et vocale.

En voyageant à travers les partitions graphiques de Cornélius Cardew, nous avons voulu rapprocher entre elles plusieurs œuvres issues de plusieurs époques pour les éclairer d’une lumière nouvelle. Les voix, formées à la polyphonie, élaborent une grammaire nouvelle, accompagnées par l’accordéon de Pascal Contet, devenant voix à son tour, puis orgue ou clavecin dans les œuvres de Couperin ou Bach. Et les musiques des Grands Maîtres de la Renaissance que sont Sweelinck, de Wert, Marenzio ou Gesualdo se parent de nouvelles couleurs au contact des compositeurs baroques, eux-mêmes travaillés de l’intérieur par la musique contemporaine (Purcell/Sandström) et des mélopées hypnotiques de Philip Glass.

Un dénominateur commun : l’air, l’atmosphère ; aller chercher dans toutes ces œuvres une sensation qui fait le lien, une sensation d’apesanteur, de légèreté pour autoriser l’auditeur à ne plus écouter sentencieusement ces beaux objets, parfois un peu distants, mais au contraire se laisser porter par eux et se laisser emplir de leur souffle vivifiant.

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Posté le

27 août 2023

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