Les Remix de Camion Rouge
D’un côté un travail de relecture, de réécriture, de remix contemporain à travers les yeux, les oreilles et les envies de musicien.nes issu.es de musiques libérées et ouvertes. Dans la veine de travaux sur la citation, la remise en contexte, ces recompositions permettent au groupe de s’ancrer, de se définir dans le temps, de postuler une existence musicale, avant de plonger dans l’inconnu. Ainsi on pourra entendre une version punk, crête et saturation du Casse-Noisette de P. I. Tchaïkovsky. Une adaptation des Noces d’I. Stravinsky dont on aurait ouvert les entrailles et introduit deux batteurs de free jazz. Ou encore une orchestration inventive de l’Opus 19 d’Arnold Schönberg, les miniatures pour piano terminant en hommage façon théâtre musical à Gustav Mahler. L’ensemble prépare en ce moment les réécritures de Mantra de K. Stockhausen et la Symphonie X de Dmitri Shostakovitch.
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L’inconnu c’est l’autre chemin, et c’est un travail de recherche sur l’équilibre entre improvisation et écriture dans un groupe orchestre. Inspiré des travaux d’Anthony Braxton, notamment dans sa période Ghost Trance Music – un très bon article de présentation ici – l’orchestre s’approprie une grande série de compositions de différentes tailles, longueurs, formes. Ici un bout de standard de jazz, là, une série rythmique sans contrainte mélodique, ici, un jeu de résonnances, ou encore une série infinie de battements imperceptiblement variants. Ensuite, c’est le grand saut. Le concert commence, et personne ne sait ce qu’il va s’y dérouler. En effet, le groupe décide en temps réel de l’apparition ou non de compositions du réservoir. Il est toujours possible d’improviser, il est toujours possible de ne pas jouer, il est toujours possible de proposer une décision musicale avec ou sans signes… Ces quelques règles ne sont pas là pour contraindre, elles ne sont pas contraignantes, elles sont bien là pour affirmer que toute décision doit être convaincue, musicale, et née de l’écoute. L’écoute génère le faire. Et c’est bien là que la recherche prend tout son sens. La contrainte de la composition, amenée par l’improvisation. On ne distingue plus d’un côté les compositions comme moments stables, et de l’autre l’improvisation comme flou chaotique. A l’inverse les compositions et le moments d’improvisations s’entrelacent et sont tout à la fois les points d’accroches et les points de fuites, ports et les courants marins en même temps.