Spectacle « Corrupted elements (titre provisoire) »
Nicolás Medero Larrosa (création 2025)
Durée : 40 minutes
Effectif : voix, guitare électrique, flûte, saxophone, piano/synthé
« Des événements isolés qui façonnent un élément conciliant avec l’écosystème qui l’entoure, un assemblage désordonné.
Les parties se ramifient, la langue subit un défaut inaltérable : le message se perd et la conscience se déconfigure. »
(Fernandez D.)
Le spectacle, qui s’articule sous forme d’un cycle de chansons, naît d’un intérêt récurrent pour le syncrétisme entre le rituel dépouillé et la technologie lo-fi. Il utilise comme source commune les souvenirs d’une enfance remplie de croyances rituelles dans le quotidien d’une vie de plus en plus envahie par des technologies décadentes. Une image illustrant cela pourrait être celle d’une personne qui suit les enseignements d’un chaman à travers une VHS.
Cette expérience, très personnelle du compositeur, nous offre un univers sonore où convergent ses intérêts (la distorsion, le rituel, le mysticisme et le psychédélisme).
Cela nous invite à nous demander s’il existe peut-être une « maladie électrique », ou en suivant la ligne de Philip K. Dick, « Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ? » ou même qu’est-ce qui reste du rituel face à une machine inutile de nos jours ? Peut-elle se transformer en une amulette à laquelle nous conférons le pouvoir de la chance ou de la guérison ?
Ces questions sont donc le point de départ du cycle de chansons, où chacune représente une étape de cette maladie, tel un manuel de médecine. Le spectacle nous invite à observer le patient depuis l’extérieur des quatre murs (les quatre murs qui représentent un lieu physique ou peut-être sa conscience) où il se trouve, étant lui-même l’ensemble complet, et où la voix met en mots l’expérience tandis que l’ensemble donne vie à la déformation, une descente oscillante vers le délire.
Corrupted elements est surtout un voyage dans le temps, la perception d’un rituel fragmenté par la déformation.
Quelques mots sur le son :
L’ensemble est composé d’une formation hybride, où l’électrique et l’acoustique se rejoignent pour donner vie à un son raréfié. L’utilisation d’une pédale d’effets, en particulier sur la voix, permet de la transformer, brisant ainsi toute connexion avec le naturel et entrant dans le territoire du psychédélique, où représentation et perception ne correspondent pas. Électrique, déformé, répétitif…
Quelques mot sur le texte et la symbolique :
Le texte suit la logique d’un esprit fragmenté par le délire et la fièvre. Il est composé d’un assemblage de morceaux de textes en accès libre, ce qui permet de changer de registre du discours, passant d’une phrase médico-académique décrivant le fonctionnement d’une drogue particulière, au témoignage d’une personne traversant une crise, et même à des fragments de phrases chuchotées dans le rituel de guérison de nos ancêtres en Amérique latine.
Ore Ru, yvágape reiméva,
toñembojeroviákena nde réra,
Taoreañuamba nde mborayhu,
tojejapo ne rembipota ko yvy
ári yvágape guáicha
Traduction :
Viens, approche-toi de moi,
Je veux te parler avec le cœur,
Sous l’ombre du mborayhu (arbre sacré),
Ensemble et en communion avec la terre,
Avec un amour sincère et pur.
Quelques mots sur l’aspect scénique :
La scène se présente comme une pièce où se trouve enfermés les musiciens de l’ensemble, séparés de chaque côté du public par des toiles semi-transparentes, qui servent de faux murs. Sur celles-ci est projetée une image préenregistrée d’eux-mêmes avec un délai de quelques millisecondes, de plus en plus prononcé, ce qui permet de déformer l’image comme si leurs corps se dissolvaient de plus en plus dans le temps. Le public a accès à une vue à 360 degrés, lui permettant de se déplacer pour observer la transition. La scénographie est construite en collaboration avec une scénographe. Chaque musicien porte un masque/symbole, faisant partie de la transformation à laquelle l’ensemble est soumis.