DIGESTION

DIGESTION

Dans DIGESTION, je détourne l’instrument
midi Keytar initialement joué par les
claviéristes de musique pop (Jean-Michel
Jarre, James Brown, Lady Gaga…). Cet
instrument, dont le nom est la contraction des
mots keyboard (clavier) et guitare, a été
inventé dans les années 60 pour que les
joueurs de clavier puissent bouger et avoir un
jeu scénique.
Le matériel sonore:
Il vient de plusieurs sources.
Il y a des sons de piano à queue ‘préparé’ en le
jouant comme une percussion avec des
mailloches et baguettes superball ou lui
ajoutant sur les cordes du papier, des
clochettes et des vis ou pièces de monnaie.
Après avoir enregistré ces sons, je les ai
programmé sur le keytar.
Il y a des sons de voix suite à des recueils de
témoignages de femmes de ma famille et de
différentes cultures qui parlent de leurs mères
et de leurs lignées féminines.
Il y a aussi des enregistrements de sons
concrets issus de l’environnement
transformés par l’utilisation de filtres et effets
sur l’ordinateur.
Et des sons purement électroniques de
synthétiseurs ou créés sur le logiciel Reaper.
Jeu instrumental:
J’utilise le logiciel de live electro Mainstage
via l’ordinateur pour programmer le clavier
Keytar avec des samplers que je joue au keytar
avec un jeu instrumentale pianistique.
L’instrument a une sensibilité des touches qui
me permet de faire des nuances, d’avoir un jeu
sensitif.
J’utilise aussi l’instrument comme
déclencheur de passages musicaux écrits au
préalable sur Reaper.
Diffusion sonore:
Le début de la pièce commence par une
écriture pour une diffusion stéréo, puis
progressivement les sons sont diffusés par des
enceintes disposées tout autour du public.
La panification des sons, c’est-à-dire le
déplacement des sons dans l’espace grâce à
leurs assignations sur telle ou telle enceinte est
préalablement écrit à l’ordinateur ou dans la
programmation des samplers du keytar.
L’ingénieur.se du son adapte en direct suivant
chaque acoustique de salle certains paramètres
sonores (intensité, fréquences..) et
m’accompagne suivant mes déplacements afin
que les sons diffusés soient le plus près de là
où je suis en train de jouer.
Le corps:
La relation corps – musique nécessite une
attention particulière pour que les deux
expressions se complètent et s’équilibrent.
Dans DIGESTION, les mouvements du corps
sont conçus dans un prolongement des gestes
instrumentaux. Ils guident l’écoute des sons.
À un moment de la performance, après une
forte présence du corps, la musicienne se retire
de la salle afin de donner lieu à une écoute
autre, acousmatique, qui permet aux
spectateurs.ice.s de créer leurs propres visuels
liés aux sons, de s’approprier autrement le
moment en laissant une place à combler.
Mise en espace:
La salle ne comporte pas de scène, elle est de
plain-pied. Les spectateurs.ice.s sont invité à
se placer et se déplacer comme ils.elles le
souhaitent pendant la performance.
La mise en espace de Digestion commence par
une délimitation traditionnelle de la
représentation, au sol, avec un espace
scénique et un espace ‘public’, frontal,
représentant une relation claire entre deux
entités distinctes, l’artiste et les
spectateurs.ice.s.
Puis l’espace scénique est effacé par l’artiste,
ce qui lui permet de franchir la délimitation et
de créer un unique espace avec elle et les
spectateurs.ice.s. Elle va vers eux par des
trajectoires précises et codifiées et se prépare à
la première phase du rituel de passage: la
séparation. Durant cette étape, il y a une
rupture vis-à-vis de la situation antérieure. La
musicienne déambule à travers les
spectateurs.ice.s dans une sorte de traversée
purificatoire en créant un rapport d’entraide
avec le public qui transforme la relation
frontale et distincte du début.
Puis vient la période de liminarité, seconde
étape du rituel de passage, pendant laquelle se
mettent en place les processus de remise en
question des normes, des repères, des valeurs
et de l’identité mais aussi et surtout
d’ouverture et de transformation de l’individu
ou d’un groupe d’individus. Pour cette phase
de gestation symbolique, la musicienne quitte
la salle créant sa mise en marge mais aussi
celle des spectateurs.ice.s qui se retrouvent
seuls.es. Les sons diffusés par des enceintes
tout autour du public crée un espace immersif
et une écoute acousmatique qui invitent à une
introspection. Les identités sont en suspens.
La dernière phase est celle de la réintégration
de l’individu dans le groupe dans une nouvelle
situation sociale. Ici, la musicienne revient
dans la salle et échange avec les
spectateurs.ice.s tout en se déplaçant à travers
eux. L’espace est collectif.
Relation sociale:
La performance Digestion est le terrain d’une
transformation. Par le moyen du protocole du
rite de passage, la relation de deux entités
distinctes, l’artiste et le public, évolue
progressivement vers la création d’un groupe
social qui réunit les deux dans un rapport
d’interdépendance.
La nature des interactions évolue dans
l’écriture de la pièce: après avoir supprimé la
délimitation espace scénique/espace ‘public’,
la musicienne confie un rôle à différentes
personnes dans le public en leur donnant des
objets symboliques. Puis dans la période de
‘séparation’, elle crée un rapport d’entraide et
de soutien physiquement. Après la période de
‘liminarité’ pendant laquelle elle disparaît, elle
revient avec un langage intriguant et drôle
inventé avec des sons de dents et engage un
jeu de dialogues avec des spectateurs.ice.s.
Pendant la dernière partie, la keytariste joue
spécifiquement une musique pour
certain.ennes d’entre eux.elles. Puis, petit à
petit, quand elle les touche, non sans humour,
cela crée des sons: leurs interactions créent
de la musique.

Compétences

Posté le

27 août 2023

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