Splendide, ambitieuse, l’Harmonia artificiosa est une œuvre qui livre tout le talent de son compositeur et qui marque la virtuosité naissante du violon. Recueil de sept sonates pour instruments à cordes et continuo, il s’agit de la dernière œuvre composée par Heinrich Biber. Il la dédie à sa fille, Rosa Henrica, qui prend alors la route pour le couvent bénédictin de Nonnberg.
Cette pièce symbolise un tournant dans l’évolution du jeu du violon. Elle utilise la technique de la scordatura. Pour chaque sonate, Biber prescrit des réglages d’accordages de violon différents, parfois considérablement déviants des réglages habituels, faisant varier la tension des cordes et conduisant une différenciation tonale nouvelle de ces instruments.
La scordatura change le doigté de l’instrumentiste et sa façon de jouer et apporte des sons pleins, plus riches de notes harmoniques. Avec elle, de nouvelles expériences sonores sont possibles. Il ne fait aucun doute que Biber pose ici un défi d’interprétation pour les joueurs, exigeant une qualité nette et régulière. Cette Harmonia artificiosa est un tour de force et se définit comme l’apogée de cette recherche technique et stylistique. Avec elle, le violon prend une nouvelle place dans la famille des cordes.