Lamento d’une inconnue – une autre histoire du madrigal
« Lasciatemi morire » : la plainte d’Ariane mise en musique par Claudio Monteverdi compte parmi les madrigaux les plus connus de l’histoire de la musique. Mais pourquoi ce lamento, aussi splendide soit-il, est-il connu de tous ou presque quand l’extraordinaire sensualité des chromatismes de « Tormento, oh tormento » de Simonetta De Amicis est encore largement ignorée ?
C’est un fait, Monteverdi est un musicien exceptionnel à qui l’on doit neuf livres de madrigaux bouleversants, mais l’histoire de la musique gagnerait à laisser un peu d’espace à d’autres musiciennes et musiciens.
Barbara Strozzi, Maddalena Casulana, Francesca Caccini, Simonetta De Amicis, Chiara Margarita Cozzolani, Alba Tressina, Francesca Campana, Lucrezia Ordina Vizzana, Isabella Leonarda ne sont-elles pas elles aussi des madrigalistes remarquables ?
Et que dire de l’opus 1 de Heinrich Schütz ? Ces dix-neuf madrigaux italiens composés par un jeune homme de 26 ans, élève de Giovanni Gabrieli à Venise ? N’est-ce pas ici une publication virtuose et brûlante d’énergie ?
Quid de Mogens Pedersøn, Melchior Borchgrevinck, Hans Nielsen, Hans Brachrogge ou Niels Mortensen Kolding? N’est-ce pas leur imposer une identité que d’imaginer qu’ils ne puissent inscrire leurs œuvres dans l’histoire du madrigal ?
Clément Janequin, Roland de Lassus, Claude Le Jeune ? N’ont-ils pas joué leur rôle dans cette page de l’histoire de la musique ?
À moins qu’il ne faille douter de ces propositions, rédigées peut-être – qui sait? – par une intelligence artificielle…
Faits alternatifs ? Fake news ? Hoax ? à l’heure de la post-vérité, thélème invite à se pencher sur l’histoire de la musique, à reconsidérer les hiérarchies et déconstruire les stéréotypes.