PRESENTATION DU CONCERT
Témoignage de rencontre, Sucreries : Y se va la Segunda! illustre la richesse d’un mélange à l’origine d’une tradition musicale toujours vivante.
Les villancicos des Archives Nationales de Bolivie composés pour des célébrations importantes : Noël, Corpus Christi ou encore la fête de Saint Ignace de Loyola sont des musiques fortement imprégnées des danses espagnoles (certaines même interdites dans le vieux continent), textes flamboyants bien caractéristiques de la littérature du Siècle d’Or et polyphonies imbibées de madrigalismes. Dans ces musiques, les carrures quelque peu excentriques mettent en avant la narrative dans le but constant d’égayer une célébration (même chorégraphiée parfois) et de renforcer la foi des nouveaux baptisés.
Pour couronner ce programme typique d’une célébration bolivienne, seront intégrées cuecas et tonadas, véritables héritières du syncrétisme musical et représentantes des célébrations riches en traditions chrétiennes-païennes.
NOTE D’INTENTION
À l’image des festivités religieuses en Bolivie où les mélanges fastueux du sacré et du païen sont au service des célébrations, Sucreries : Y se va la segunda ! illustre le syncrétisme d’un patrimoine et de sa réappropriation, une juxtaposition d’éléments musicaux qui cohabitent et persistent dans la conscience collective des boliviens.
Au tournant du XVIIe et du XVIIIe siècles, Sucre s’appelle encore La Plata, et est l’une des villes les plus importantes du Haut-Pérou. La Plata est une capitale culturelle rayonnante abritant la deuxième université fondée sur le continent.
La rencontre de deux mondes, espagnol et indigène, est présente dans tous les aspects de la société et notamment dans l’éducation, sous l’influence des activités des congrégations Jésuites et Franciscaines). La musique et la danse (excellent outils d’évangélisation) sont au centre des préoccupations de la gouvernance et une activité économique et sociale importante se développe autour d’elles.
Le syncrétisme y est le mot clé : ce qui pouvait être considéré comme profane devient sacré et inversement, en particulier quand il s’agit d’expressions artistiques destinées à des festivités religieuses. Ainsi, l’assimilation des cultes indigènes crée un répertoire musical et chorégraphique de forte identité, touchée également par la culture africaine.
Aujourd’hui, cet héritage est devenu une tradition musicale métisse où la musique est imprégnée du caractère mélancolico – intense, des rythmiques vives mais non scandées et d’une spiritualité tellurique mais dansante.