Tout occupés à penser qu’ils sont le centre du monde, les Européens s’imaginent mal que, jusqu’au XVIIe siècle, leur économie battait au rythme d’un poumon qui était la Chine, et dont les richesses et les inventions, de la soie à la boussole, lui parvenaient par un réseau capillaire de routes et de passages regroupé sous le nom, évocateur d’exotisme et de parfums d’Orient, de « route de la soie ».
De Chang’an à Antioche de Syrie, Constantinople, Venise, l’Espagne, ces routes convièrent des marchandises et des idées, des explorateurs et des missionnaires, des techniques et des spiritualités, dans un sens comme dans l’autre, créant des conditions uniques d’échanges, de syncrétisme et d’enrichissements.
Dans son invitation au voyage musical, « Shiruku» s’adosse à des lieux clefs de cette millénaire chaîne de rencontres : l’Espagne des trois religions du roi poète Alphonse X le Sage au XIIIe siècle ; le Japon, terre de mission du jésuite navarrais saint François-Xavier au XVIe siècle ; Constantinople sur le Bosphore, capitale éternelle des héritages byzantins, perses et turcs et de leur transmission à un Occident fasciné.