Du solo (Psappha, Rebonds) au sextuor (Persephassa, Pléiades), la percussion paraît emblématique du grand coup frappé par Iannis Xenakis à la fin des années 1960 pour faire de l’élément rythmique, quelque peu délaissé par l’avant-garde, une force motrice de l’inouï.
«Les percussions expliquent à elles seules au moins trois des qualités majeures de Xenakis. D’abord, son extraordinaire curiosité, qui l’a conduit à s’ouvrir à des cultures musicales issues de régions du monde fort variées. Second aspect : le rythme. Alors que la musique contemporaine s’est vivement intéressée, depuis les années 1930, aux percussions pour leur variété en timbres(Ionisation de Varèse), Xenakis a radicalement innové en retournant, avec elles, à leur fonction première, le rythme.
On dira enfin que les percussions témoignent par excellence d’une des qualités majeures de la musique de Xenakis : son caractère gestuel (…). Les gestes émanent de la partition elle-même. Écouter les percussions xenakiennes en disque ne constitue que la moitié du plaisir. Il faut les voir jouer pour s’apercevoir que l’extrême virtuosité qu’elles exigent de l’interprète dessert une succession de gestes bien ordonnée, comme un rite antique passé en accéléré dont on aurait perdu la signification, et qui constituerait désormais une énigme, un hiéroglyphe. »
Makis Solomos