Note d’intention artistique – Jean-Marie Machado
La Falaise des lendemains est un conte réaliste et poignant tissé par Jean-Jacques Fdida avec qui j’ai développé au fil de nombreuses années une complicité qui entremêle la musique et le texte.
Dans ce projet, le conte devient opéra, mettant en scène l’Orchestre Danzas, créé il y a quinze ans. A cette occasion, l’ensemble réalisera son septième programme en intégrant en son sein quatre voix de femmes et quatre voix d’hommes.
Après Danzas Sinfonia créé en 2021, Danzas va devenir Danzas Opéra pour porter avec créativité cette narration musicale, dont le titre et l’intrigue se rapprochent de la veine du réalisme poétique.
J’ai souvent composé en lien avec la voix sous diverses formes : « le musicontage » pratique liant le conte et l’improvisation au piano et la voix, pièces de théâtre, oratorio, opéras pour enfants, chansons, lied et opéras de poche.
J’ai également souvent intégré ma propre voix dans les sonorités de mon piano.
J’entends la voix parlée comme une courbe sonore émouvante et, souvent le texte lu m’évoque des univers musicaux, la musique de la voix, plus que le sens propre des mots.
Nos voix sont nos premières émotions de vie, nos signatures qui donnent corps à nos êtres vivants. Elles font résonner nos sentiments, elles sont les substances du sensible en nous.
Réaliser une nouvelle approche de cet imaginaire vocal avec mon orchestre, en y ajoutant la mise en scène de Jean Lacornerie nous permettra de raconter ce que j’imagine comme un film in vivo, un temps de synthèse, un point de rencontre des multiples inventions et expériences musicales menées depuis le début de mon chemin de musicien.
Note d’intention de mise en scène – Jean Lacornerie
Il est très rare pour un metteur en scène de pouvoir participer à la création d’un opéra avant même l’écriture de la partition. Et c’est un grand privilège car Jean-Jacques Fdida et Jean-Marie Machado favorisent un dialogue qui fait entrer la mise en scène dans la conception même de ce nouveau projet.
Notre point de départ, c’est le livret de Jean-Jacques Fdida qui est un vrai livret d’opéra. C’est-à-dire qu’il développe des situations dont l’intensité ne peut s’exprimer que par le chant et la musique. Faisant sans complexe référence à l’opéra vériste du début du XXe siècle, c’est un drame qui mêle passion et violence amoureuses, c’est une épopée qui traverse le terrible conflit de la Grande Guerre et c’est aussi un conte aux aspects fantastiques et légendaires. Mais c’est surtout un texte d’aujourd’hui, qui mélange brillamment les langues : le français, le breton et l’anglais.
Ce livret pose plusieurs défis au compositeur et au metteur en scène, par l’amplitude des époques qu’il traverse et la vastitude de ses paysages. C’est là que Jean-Marie Machado entre en scène avec son Orchestre Danzas. C’est là que notre projet va prendre une forme nouvelle. L’orchestre avec la multitude de ses timbres va devenir le paysage de l’opéra et occuper le plateau du théâtre. Nous fermerons la fosse d’orchestre pour créer un opéra où les musiciens habiteront le plateau de leur présence, à part égale avec les chanteurs. La mise en scène ne consistera pas à planter un décor mais à circuler dans le paysage sonore de l’orchestre pour libérer l’énergie lyrique du drame.