C’est en 1610 que sont publiées les Vêpres de la Vierge, partition d’une exubérance sonore, d’une modernité et d’une diversité, absolument extraordinaire. Avec cette pièce maîtresse dédiée au pape Paul V, démonstration péremptoire et magnifique des hauteurs de son art et de son inspiration, illustration militante et exemplaire du dogme du culte de la Vierge réaffirmé par le récent Concile de Trente, Monteverdi se place. Rome, Caput Mundi, ne serait-ce pas le champ d’action idéal pour le plus grand compositeur de son époque ? Hélas, les grands de ce monde ne prêtent pas toujours oreille aux pouvoirs de la musique. C’est à Venise, trois ans plus tard, que Monteverdi trouvera un point de chute à sa mesure. Saint-Marc, ses ors byzantins, sa sensualité orientale, ses coupoles qui semblent comme prédestinées tant aux couleurs voluptueuses qu’aux polyphonies spatialisées de ces vêpres luxuriantes. Venise, qui s’apprête à devenir la capitale d’un genre nouveau : l’opéra…