Johann Sebastian Bach (1685-1750) fait partie sans conteste de ces compositeurs « sans frontières » qui ont su jouer avec les styles musicaux nationaux de leur temps, les modeler et les façonner selon leur propre génie. Christophe Rousset propose une mise en lumière originale de la musique du célèbre cantor dans ce programme tout européen, multicolore, fait d’emprunts et d’inspiration au voyage.
Ainsi, la Suite nº 2 pour flûte, cordes et basse continue BWV 1067, avec son ouverture et ses danses « à la française » et la cantate en langue italienne Non so che sia dolore BWV 209 encadrent une autre merveilleuse cantate pour soprano, Orfeo, de l’italien Giovanni Battista Pergolesi (1710-1736), ainsi que des extraits d’œuvres de deux maîtres français de l’art des « goûts réunis » : François Couperin (1668-1733) et André Campra (1660-1744). Ces extraits mettent à l’honneur tour à tour la pureté du contrepoint germanique, la légèreté du chant italien et la noblesse de l’Espagne, mêlant la sonade de « L’Impériale » et la passacaille de « L’Espagnole » extraites des fameuses Nations de Couperin ; ainsi que deux airs de Campra, en langue italienne (« La farfalla intorno ai fiori », extrait des Fêtes Vénitiennes) et espagnole (« El esperar en amor » extrait de L’Europe galante). Toutes composées du vivant de Bach, ces œuvres ainsi rassemblées témoignent de l’enthousiasme et de l’effervescence qu’ont suscité chez les musiciens et leurs publics ces confrontations de nations en musique à travers toute l’Europe du XVIIIe siècle.