Originaire de Caprarola, Bernabei avait d’abord été l’élève d’Orazio Benevoli, maître de musique des plus réputés, avant d’entrer en 1653 à Saint-Louis des Français en tant qu’organiste puis d’y devenir maître de chapelle, de 1667 à 1672. En 1672, il fut nommé maître de chapelle de la Cappella Giulia à la cour pontificale. Il quitta ses fonctions au Vatican au bout de deux ans pour se rendre à la cour de Munich auprès de l’Électeur Ferdinando Maria de Bavière, où il succéda à Johann Kaspar Kerll et où il resta jusqu’à sa mort, en 1687. Le Concerto madrigalesco a tre voci diverse, dédié à Flavio Orsini, duc de Bracciano, constitue l’une de ses œuvres les plus originales.
Ce titre exprime d’emblée l’ambition de Bernabei : fournir à son lecteur – et donc aux auditeurs potentiels – des madrigaux poétiques mis en musique dans le style moderne concertant. Ces pièces se caractérisent par un expressionnisme intense et exacerbé, une virtuosité vertigineuse qui fait exploser les tessitures classiques des voix et une mise en valeur de chaque voix par des passages solistes. Dans ce véritable dialogue entre la prima et la seconda prattica (chère à Monteverdi) les références au style ancien sont omniprésentes : contrepoint simple, nombreuses imitations contrapuntiques, dissonances nombreuses, exploitation démonstrative de la rhétorique des passions en musique.
Bernabei fait preuve d’un esprit novateur : il recourt à un contrepoint à trois voix typique des années 1660, en nette évolution par rapport aux compositions de la période précédente. Loin d’être conservatrice, sa musique pousse la technique vocale dans ses limites. On ne peut qu’être touché par les mélodies qu’il invente, d’une flexibilité extraordinaire. Au yeux du claveciniste Frédéric Michel, qui a réalisé les transcriptions pour ce programme, Bernabei est un grand compositeur, dont l’œuvre mérite pleinement d’être aujourd’hui ressuscité.
Madrigaux de Ercole Bernabei, pièces instrumentales de Angelo-Michele Bartolotti, Bernardo Pasquini, Alessandro Scarlatti, Alessandro Stradella.
Myriam Arbouz : soprano
Marine Fribourg : mezzo-soprano
Andrea Gavagnin : haute-contre
Francisco Mañalich : ténor et dessus et basse de viole
Jan Jeroen Bredewold : basse
Anne-Sophie Eiselé : dessus et basse de viole, lirone
Eliaz Hercelin : basse de gambe
Caroline Lieby : harpe
Ayumi Nakagawa : clavecin et orgue
Marco Horvat : théorbe, archiluth, lirone, guitare baroque