Emplir est une performance de cymbale amplifiée pour lieux résonnants. Avec installation lumineuse audio-réactive et dispositif d’enceintes sur percussions. Il s’agit d’animer les fréquences de résonance des lieux afin de laisser faire leur silence.
En tant que musicien, j’ai passé de nombreuses années à remplir de manière volontaire. Trouver les notes, les rythmes, les harmonies. Puis naturellement, peut-être avec la maturité ou l’âge, j’ai travaillé sur la lenteur et les silences.
Pas mal de synchronicités s’amoncèlent en ce moment autour d’un projet qui se présente droit devant moi depuis quelques mois. Cela serait grossier de ne pas le saisir à pleins bras.
J’ai eu l’occasion de travailler, pour des commandes de composition, dans des lieux résonants (silo à grains, usine, chapelle) en cherchant leurs fréquences de vibrations, les dispersions des bruits solidiens, les temps de réverbérations et ainsi d’écrire des pièces spécifiques à ces lieux, notamment pour la danse.
J’y ai largement pris goût.
Mais certaines dimensions me manquaient quand le lieu n’était que prétexte.
J’ai eu la chance de travailler avec des musiciens dits traditionnels (Afrique, Inde, Réunion…) et j’ai été confronté à pas mal de questions quant à ma tradition. J’ai bien retourné la chose et je suis arrivé à la notion de curiosité, d’accumulation, d’assimilation et de digestion des informations. Mais j’avais besoin d’expérimenter. J’ai repris à la base et me suis retrouvé d’un coup d’un seul dans des églises, des chapelles. Sans plus de mysticisme que ça, j’étais attiré par des lieux chargés d’Histoire, d’histoires, de croyances et d’intentions. Là où des choses avaient été déposées. Des usines désaffectées, des lieux de vie..
Mais quoiqu’il en soit, ce vide, cet invisible m’enthousiasme pleinement.