Stefania Becheanu tisse sa toile autour d’une guitare électrique et se prend
volontairement dedans.
Sommes-nous face à une guitare augmentée par ces multiples ramifications de fils
de laine, avec des supercordes en excroissance qui partent à la conquête du lieu de
l’installation ; ou nous trouvons-nous plutôt face à une guitare emprisonnée dans
son cocon, contrainte, vulnérable aux moindres oscillations des fils qui l’enserrent ?
Est-ce une guitare en cours de métamorphose, encore dans sa fragile chrysalide,
dont les vibrations gutturales expriment la profondeur de la transformation en
cours; ou est-ce un organisme sonore autonome aux multiples antennes
hyper-sensibles, ouvertes aux murmures de la salle et aux influences des quatre
vents.
Telle une Parque, dont le corps tout entier anime les fils du destin qu’elle tisse,
Stefania Becheanu seule semble comprendre le sens du rituel. Elle met habilement
en mouvement la subtile et fragile machinerie et fait naître le son par ses gestes les
plus infimes, comme on assisterait à la naissance de la vie.