L’hiraeth

Arthur Higelin et Loïc Guénin se sont rencontrés autour de leur amour du son, de l’art et de la création. Lors d’une résidence de travail au M![lieu], le lieu de la compagnie Le Phare à Lucioles où Arthur H travaillait sur son nouvel album, c’est la poésie et l’exploration sonore improvisée qui scellera leur amitié et fera germer cette idée d’un spectacle.
L’hiraeth réunit les deux artistes ainsi que trois musiciennes baroques (cordes et voix), un réalisateur en informatique musical et un créateur lumière autour d’un texte éponyme commandé à Arthur H.
L’histoire du personnage auquel on s’attache rapidement est ici racontée au travers de ses errances, de ses doutes et de ses voyages dans des univers et des espaces nouveaux, étranges et magnifiques à la fois. En filigrane de ce parcours initiatique et magique, nous cherchons aussi où atterrir (Bruno Latour), comment réagir et comment replacer la poésie, l’art et l’amour au centre de nos préoccupations.
La scénographie s’appuie sur une série de photographies de Julien Lombardi intitulée esthétique de l’effacement. Projetées sur un écran de papier calque, éclairées, les images deviennent des imaginaires et des possibles auxquels se raccrocher pour donner corps et âme au voyage intersidéral de cet être fantomatique explorant cette période post-anthropocène ou tout est désormais à réinventer ensemble.
Dans son essai Du conte de fées (1947), J. R. R. Tolkien évoquait sa « nostalgie au cœur » à l’égard des terres imaginaires dépeintes dans les légendes scandinaves, qu’il affectionnait tout particulièrement.
Peut-on cependant éprouver la nostalgie d’un lieu fictionnel que nous n’avons jamais arpenté et que nous ne visiterons, évidemment, jamais ? Oui, répond la langue galloise, qui possède même un mot pour qualifier cet étrange sentiment : « hiraeth ».
L’hiraeth, c’est la nostalgie d’une contrée dans laquelle nous sommes dans l’impossibilité indépassable de nous rendre. Soit qu’il s’agisse d’un lieu qui n’a jamais existé, soit que ce lieu soit à jamais détruit par le passage irrémédiable du temps, dont ne subsiste que le souvenir.
La ligne de partage, d’ailleurs, entre la fiction et la mémoire est floue. L’hiraeth est l’affect par excellence des déracinés qui ne pourront jamais retourner dans ce « chez-soi » rêvé mais absent auquel ils se sentent appartenir.

Compétences

Posté le

27 août 2023

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