Le compositeur et metteur en scène Alvaro Martinez Leon vous propose de se retrouver autour d’un acte universel : musiquer* et danser en groupe. Ensemble, nous allons parcourir l’histoire de cette coutume par le jeu de scènes évoquées dans le livre de l’écrivaine américaine Barbara Ehreinreich « Dancing in the Streets – Une histoire de la joie collective ». Le public est demandé de s’y rendre en tenue confortable de bal, avec l’esprit ouvert à l’improvisation.
IMPROVISATION, AUTO-ORGANISATION, RÉBELLION
Les participant·es-musicant·es-danseur·ses vont devoir jouer de courtes scènes à partir de petites rengaines qu’ils et elles accompagneront de percussions corporelles et de pas de danse répétitifs. En partant de la Préhistoire, leur mouvement-chant prendra un sens différent à chaque scène.
Le but : s’immerger dans la généalogie d’une pratique dont les formes varient en fonction du contexte historique et culturel : danse de guerre, rituel de transe thérapeutique, rébellion au pouvoir établi, fête jubilatoire, chorémanie, etc.
Le maître de cérémonies guidera les participant·es dans un parcours chronologique du livre de l’écrivaine nord-américaine, en donnant des clés de compréhension historiques et anthropologiques de chaque numéro à improviser, ainsi que des éléments basiques de chant, de percussion corporelle et de danse.
Il correspondra ensuite aux participant·es de s’auto-organiser pour improviser la scène demandée. Alvaro, lui, pourra parfois aussi y participer en jouant des personnages opposés au groupe de participants ( animal prédateur, roi médiéval, gibier, DJ, politicien ).
NAISSANCE ET ÉVOLUTION DU PROJET
Ce projet est né comme un atelier proposé dans l’action culturelle du spectacle « Écoutez ce Fa », ( autour de la relation entre le leader et son assemblée – 2019, production Trafic ). Suite au succès que l’atelier a rencontré auprès des publics, il a été décidé de le transformer en spectacle participatif, en s’inspirant du bal comme moment de rencontre. En effet, les participant·es sont invité·es à se rendre au spectacle dans l’état d’esprit d’un bal ou d’un atelier, disposé·es à danser, à chanter, à partager et à improviser.
LE LIVRE
Le parcours passionnant proposé par « Dancing in the Streets », donne des clés de compréhension d’une partie de la nature humaine aussi fascinante que réjouissante :
Au moins pendant les 10.000 dernières années, les êtres humains ont mis régulièrement en suspens leur travail pour aller chanter et danser dans les lieux de vie communs. Accompagnés par des instruments musicaux ou pas, masqués ou découverts, les individus se prenaient dans les mains pour danser et chanter en cercle de plus en plus vite pour atteindre un état jubilatoire collectif. Suite à ce rituel thérapeutique, les gens retournaient dans leur routine.
Il est admis que l’origine de cette pratique daterait de la Préhistoire, et que sa fonction première aurait pu être celle de se défendre des prédateurs. Un groupe d’humains qui chante et danse une même rengaine et un même mouvement, peut facilement ressembler à un animal géant pour un fauve quelconque, qui serait ainsi effarouché. Ceci expliquerait aussi le fait que cette pratique nous ramène dans un certain état second qui nous fait oublier notre peur à la mort.
Le livre de l’historienne américaine nous apprend que cette coutume prend des nombreuses formes à travers l’histoire et les cultures ( rituels antiques, carnavals, cérémonies de transe, expressions folkloriques ) de même que la recherche d’un état second collectif a réémergé sous la forme de concert de rock, rave party, match de football ou manifestation politique pendant le siècle dernier.
*Nous utilisons le terme ‘Musiquer’ dans une des acceptions données par ethnomusicologie, à savoir : l’acte de chanter des mélodies simples en s’accompagnant d’une percussion corporelle (frapper des mains, taper du pied etc.), en complément à un groupe qui mène la représentation musicale ( exemple : dans un concert de rock, le groupe sur scène est composé de musicien·nes, le public de musicant·es).