Tempus muliebre – Discantus

Tempus muliebre - Discantus

Un âge de femme
Spectacle musical pour voix de femmes et cordes pincées
Gualtiero Dazzi : composition musicale, d’après Hildegard von Bingen, l’Hortus deliciarum, les manuscrits de Saint-Gall et Klosterneuburg, et diverses musiques traditionnelles iraniennes et afghanes
Elisabeth Kaess : livret et dramaturgie, d’après Hildegard von Bingen et diverses poètes et écrivaines afghanes et iraniennes

Ensemble Discantus : Cécile Banquey, Christel Boiron, Maud Haering et Catherine Sergent, voix et cloches à main
Brigitte Lesne, direction, voix, harpe médiévale
TrioPolycordes : Florentino Calvo, mandoline, Sandrine Chatron, harpe, Jean-Marc Zvellenreuther, guitare

« Cette époque est un âge de femme » ( « Istud tempus tempus muliebre est »), écrivait Hildegard von Bingen aux prélats de Mayence. Connue pour ses visions et ses compositions, cette moniale du 12e siècle, fondatrice de deux monastères, porte en son nom le combat qu’elle a mené sa vie durant contre l’injustice et la corruption, comme en attestent ses lettres, nombreuses et audacieuses, qu’elle adresse aux grands de son temps. Elle met en garde l’évêque de Prague contre ses errements et ses égarements, elle conjure le Pape Eugène de ne pas se « lasser sur le droit chemin », elle reproche à Conrad, Roi des romains, son goût pour le « plaisir du pouvoir » et aux prélats de Mayence leur « désir de vengeance ». Toute sa correspondance se trouve ainsi scandée par l’insoumission et la subversion, témoignant d’une liberté étonnante – à nulle autre pareille.
« Cette époque est un âge de femme », écrivait en 1178 celle qui se disait pourtant « plus que misérable dans [s]a condition de femme », dans une lettre à Bernard de Clairvaux. Quelques huit cents ans plus tard, dénonçant « les démons du mensonge, de la honte et de l’hypocrisie », Forough Farrokhzad, poète iranienne, fait éclore à son tour « la révolte profonde de tous les temps » : « je voulais être le cri de ma propre existence, mais hélas je n’étais qu’une femme. » Non loin de là, des femmes afghanes, Nâdiâ Anjuman, Nafissa Azhar, Sedâ Soltani et Zahrâ Moussavi, « rejetée[s] du monde, niée[s] », font entendre au prix de leur vie « la souffrance des femmes encagées », et se mettent à chanter « même la gorge écrasée sous le joug de leur bottes / même la bouche en sang sous les coups de leurs poings ».
« Cette époque est un âge de femme » : aux lettres en latin d’Hildegard von Bingen viendront répondre par-delà le temps les poèmes en persan dari et divers écrits de ces femmes iraniennes et afghanes. Et toutes se tiennent là, « debout[s] et ferme[s] et fière[s] / sans peur de leurs ténèbres ».

Compétences

Posté le

27 août 2023

Translate