L’idée originale de ce projet a pour point de départ la rencontre, dès 2013, de deux univers artistiques : celui de la poétesse, écrivaine et auteur de théâtre Brigitte Athéa et du compositeur et pianiste Didier Rotella.
Cette rencontre a déjà permis la réalisation de deux collaborations, la première sous forme d’une pièce instrumentale, “Etude pour un jour de Pluie”, créée au festival Manifeste 2013 par l’ensemble InterContemporain et la seconde lors de la création d’ “Instants Mêlés” pour soprano, grand ensemble et électronique en 2014, par l’Orchestre des Lauréats du CNSMDP sous la direction de Patrick Davin, avec la soprano Anne-Sophie Honoré.
Cette œuvre a reçu le prix de la fondation Salabert 2014. Les deux œuvres prenaient alors pour argument les textes extraits de “Instants de Femmes” (éditions Le bruit des Autres). Cette rencontre leur a donné l’idée de travailler ensemble sur un projet lyrique de plus grande ampleur. Leurs univers mis en résonance et les récents bouleversements en Europe les ont amenés à réfléchir sur leurs questionnements respectifs de créateurs et les ont confirmés dans leur attachement à visiter et à interroger l’histoire européenne contemporaine, à travers une vision croisée et sensible, attentive à la place de la femme et à la défense des libertés.
Le projet qui vous est proposé ici est la réalisation d’un opéra de chambre multi-média (musique instrumentale et vocale, vidéo, électronique) d’une durée d’1h45 environ, d’après un livret original de Brigitte Athéa, sur une musique du compositeur Didier Rotella. Ce projet de création lyrique est également pensé en collaboration avec l’ensemble LINKS qui défend depuis longtemps la musique de Rotella au travers plusieurs créations (Catharsis, festival Manifeste 2018, Fragrances, enregistrement monographique 2024…) et avec son chef d’orchestre Rémi Durupt, très engagé dans la création lyrique de notre temps.
L’histoire se veut à la fois contemporaine et ancrée dans un passé douloureux, prenant comme contexte la guerre civile espagnole (sans jamais clairement la nommer) et les répercussions sur la société actuelle avec le sujet brûlant des « bébés volés ». Ce sujet tient particulièrement à cœur au compositeur, lui même petit-fils d’exilé espagnol qui fut ensuite interné à Buchenwald comme « apatride ».
Pendant plus de quarante ans de 1940 à 1980, près de 30.000 (ou selon d’autres sources près de 300.000 enfants) ont été arrachés et volés à leurs propres parents dans les maternités espagnoles, dont le personnel corrompu et complice fut le premier organisateur de ces vols et de ces trafics humains, relayés par des institutions religieuses. Parce qu’ils étaient Républicains et qu’ils se battaient pour le droit et la liberté, parce qu’ils rêvaient dun monde solidaire et sans peur, ils furent torturés, fusillés, déclarés dégénérés et leurs enfants morts-nés.
Le livret d’opéra reprend cette page de l’histoire européenne contemporaine en écho avec le destin tragique et intemporel d’une figure purement fictive : Maria, qui, issue d’un milieu bourgeois et fanatique qui l’asservit et la contraint, évolue vers la révolte au fil de ses rencontres et de ses combats, jusqu’à renier famille et enfant pour un idéal de liberté.
Les personnages :
Maria, mezzo-soprano
Henri (le mari), baryton-basse
Le Frère (de Maria), ténor léger ou contre-ténor
L’amant, ténor medium
Le Fils, un acteur
Effectif instrumental:
Flûte; Clarinette; Hautbois; Basson; Cor ; Trompette; Percussion; Harpe; Piano et/ou accordéon; 2 Violons; Alto; Violoncelle; Contrebasse.
Dispositif électronique / Vidéo
L’intrigue oscille entre la période contemporaine et le passé, avec le Fils (d’Henri et Maria) qui s’adresse à son demi-frère dont il vient d’apprendre l’existence, et des scènes qui illustrent les épisodes déterminants de la vie de Maria, épouse de bonne famille (entre son mari Henri, son Frère qui la désire secrètement…) qui étouffe au point de rejoindre les rangs
des combattants dans lesquels se bat son amant. Ce dernier mourra de la main du Frère de Maria, tandis que l’enfant qu’elle aura de lui lui sera arraché à la naissance. Récupérée par sa famille, Maria la réprouvée, considérée comme folle, choisit de se donner la mort.
Points d’étapes déjà réalisés :
En 2018 était créé à Rome (Villa Médicis), Madrid (Teatro Reina Sofia) et Paris (Auditorium du CRR de Paris) le Prologue de « La Dame Rouge », par l’Ensemble Orchestral Contemporain sous la direction de Daniel KAWKA. Ce prologue, dont le texte est souvent traité en « morphing » musical (fusion du son parlé ou chanté et instrumental) était exécuté par les musiciens de l’ensemble tandis qu’un acteur mimait l’action sur scène (l’écriture de la lettre). Ce prologue est purement instrumental, l’électronique étant un personnage à part entière de l’œuvre qui intervient à l’issu du prologue, de même que la vidéo, dédiée aux présences physiques de l’héroïne, Maria.
Désormais, des partenaires engagés sont motivés et prêts à s’investir dans la réalisation de cet opéra contemporain :
– Les musiciens de l’ensemble LINKS sous la direction musicale du chef d’orchestre Rémi Durupt
– La librettiste, poétesse, metteuse en scène et dramaturge Brigitte Athéa,
– Des chanteurs comme le baryton-basse Jean-Manuel Candenot ou la soprano Anne-Sophie Honoré
– Le metteur en scène Stephen Taylor (opéra « Maudits les Innocents », créé à l’opéra Bastille en 2014)
– Le réalisateur en Informatique Musicale Benjamin Lévy
– Le cinéaste et réalisateur Dmitri Makhomet (liste non exhaustive…)
Des institutions partenaires telles que l’IRCAM, ENOA, la Fondation Royaumont… sont fortement pressenties pour aider à la réalisation du projet.
La vidéo sera pensée comme élément inclusif de la narration, il reste également à développer des partenariats avec des structures locales ou internationales pour la diffusion la plus large possible de ce projet (GRAME à Lyon, structures de diffusion ou scènes conventionnées diverses, partenariats avec l’Espagne où Didier Rotella a été en résidence à la Casa de Velazquez en 2017-18…).
Résumé de l’intrigue:
Prologue
Le Fils – époque moderne
Annonce brutale du Fils à son demi-frère (qui n’est
pas sur scène) de sa fausse identité, et évocation de
leur vraie mère, Maria.
ACTE I
Scène 1
Maria, Henri (son époux) – passé
Dans la propriété familiale, Maria déplore le départ
de son époux qui s’absente pour ses affaires et la délaisse encore.
Scène 2
Maria seule, puis le Frère
Son Frère lui reproche de ne pas vouloir d’enfant, de ne pas jouer correctement son rôle de femme, d’épouse. Maria, quant à elle, ne supporte pas ses inclinations politiques et ses fréquentations.
Scènes 3 et 4
Maria, Henri, des domestiques, quelque temps plus tard
Maria vient d’accoucher de son premier enfant. Henri lui annonce qu’il doit repartir pour son
travail et la laisser seule avec son frère. Restée seule, Maria sort en laissant son enfant
nouveau-né.
Scène 5
Maria,
Maria rentre, éreintée. Elle ne comprend plus ce monde de haine, de guerre et de violence aveugle.
Scène 6
Maria, son Frère
Confrontation de Maria avec son Frère, qui la découvre ivre au pied du berceau de son enfant. Elle lui hurle son dégoût tandis qu’il la menace et lui reproche ses fréquentations et ses amitiés envers
es partisans de la dictature.
Scène 7
Le Frère, Henri
Lorsqu’il rentre, Henri apprend par le frère que Maria s’en est allée définitivement. Il semble anéanti.
ACTE II
Scène 1
Au café. Maria, son amant, (+ figurants?…)
Scène sans parole, joie et amour. Ambiance festive.
Scène 2
Maria, l’amant, puis le Frère, miliciens, combattants
Harangue de l’amant qui se bat pour un monde libre à ses partisans.
Irruption violente du frère de Maria, qui le surprend. Confrontation entre lui et l’amant qui ne
veut pas laisser partir Maria.
Scène 3
Maria, l’amant, (+ figurants)
Maria, révoltée et consciente de la nécessité de se battre, s’engage dans la lutte, et refuse toute concession, se montrant encore plus radicale encore que son amant,
Elle renie sa famille et rejoint les rangs des combattants.
Interlude – Route de l’Exil
Le Fils, se souvenant, raconte la route de l’exil des civils et des combattants pris dans la tourmente de la guerre.
ACTE III
3
Scène 1
Maria, son Frère
Maria traîne en hurlant le corps sans vie de son amant. Elle veut qu’on lui révèle le sort réservé à son enfant, fruit de son amour interdit, qui lui a été enlevé à la naissance. Elle rejoint son frère et lui demande des comptes. Horrifiée, elle perd connaissance et son frère l’emporte.
Scène 2
Maria, Henri
Maria est couchée sur son lit, son mari tente de l’apaiser. Elle ne veut plus parler, seulement dormir pour oublier…
Scène 3
Maria, son Frère, puis Henri
Le Frère arrive pour partager son bonheur avec sa sœur : les militaires sont victorieux!
Mais, Maria s’est donné la mort. Les cris de son Frère alarment Henri, qui découvre à son tour le corps sans vie de sa femme.
Scène 4
Henri, le fils (adulte), devant le corps de Maria
Henri parle de Maria à son Fils qui, de son côté se remémore cette scène qui a bouleversé son existence.
ACTE IV
Le Fils, le Frère de Maria devenu vieux
Le fils, ayant pris la succession de l’entreprise familiale, revient chez son oncle. Il apprend
l’existence de ce frère qu’il n’a pas connu, découvrant une lettre de son père dans le coffre-fort de son oncle.
Confrontation et tentative de justification de son oncle, qui a placé cet enfant dans une famille « amie et proche » de ses idéaux.
Dans la dernière scène, le Fils est seul comme au début de l’opéra, et s’adresse à son frère absent.
FIN